Etude d'une question épineuse devant un verre

Rien de tel qu'un bon whisky pour réfléchir à la journée passée. Une fois de plus Arlen s'était retrouvé en face d'un problème qui avait du demander à son cerveau de se bouger un tantinet, ce qui déplaisait à l'écossais.
Réfléchir? Et quoi d'autre, encore! On était vendredi, le seul jour de la semaine de travail où il ne faut pas demander au cerveau de travailler! Repos de la matière grise!
Résultat: cerveau tout ramolli ralenti le boulot, et surtout, la concentration. Aucune solution ne lui était venu en tête, et c'était dépité que le jeune homme avait décidé de stopper net ses investigations infructueuses, et d'aller voir si le whisky ne l'aiderait pas.

Installé au bar du McGregor, Arlen réfléchissait cependant à ce petit contretemps, et en lui-même, pestait contre ces pensées qui le poursuivaient, même la semaine terminée.

Il avait retiré sa veste, et remonté ses manches, et était négligement appuyé sur le comptoir en sirotant son whisky, lorsqu'un bruit sonore se fit entendre.
Mais il en fallait plus pour que notre écossais se retourne, et le regard fixé sur la table, il ne broncha pas d'un pouce.

[Voili voilou, comme promis ! Je n'avais pas trop d'inspiration quant au lieu du topic, alors j'ai choisi de poster dans celui que tu avais crée... J'espère que ça ne t'embête pas...]

Ce bruit sonore, c’était Myrna. La jeune irlandaise avait sans doute connu la pire journée qui lui soit jamais arrivée depuis son arrivée en Ecosse. Le matin, elle avait failli arriver en retard chez les MacDonald car son réveil avait refusé de fonctionner. Dieu merci, le vent avait eu la bonté de cogner contre le carreau de la chambre de la jeune fille, la branche qui tombait d’ordinaire négligemment à côté du mur. Une chance pour Myrna ! Elle qui détestait être ainsi réveillée par temps de grand vent ! Cette fois-ci, elle en aurait presque remercié l’arbre lui-même.

Malheureusement, elle n’était pas au bout de ses peines. Arrivée 10min en retard chez les MacDonald, elle avait essuyé quelques remarques désobligeantes de Gillian, avant de se mettre à l’ouvrage. Ensuite, elle avait failli casser un vase ancien en tentant d’y retirer une épaisse couche de poussière.

Et enfin, lorsque sa journée fut achevée, la jeune fille loupa le car qui devait la ramener chez elle. Et pour couronner le tout, une averse s’était déclarée. Des gouttes d’eau lourdes et épaisses tombant à flot sur ses cheveux, ses épaules, son dos.

Désireuse de se mettre à l’abri, Myrna avait gagné sans réfléchir, le "Macgregor Bar". Mais c’était sans compter sur la perversité de la pluie. Même en sa hâtant, la jeune irlandaise ne put éviter de se retrouver trempée jusqu’aux os, de la tête aux pieds.

Et ce fut ainsi qu’elle parut au bar, renversant, en entrant, un porte-parapluie qu’elle remit en place après avoir marmonné quelques jurons aux consonances bien irlandaises.
Elle commanda rapidement un café, et se laissa tomber sur la première chaise venue, sans remarquer tout de suite la présence d’un homme, dont elle ignorait encore le nom mais dont elle connaissait le visage pour l’avoir plusieurs fois croisé chez les MacDonald…

Ce visage, Arlen l'avait déjà croisé à plusieurs reprises. Une sorte de servante, d'aide, de femme de ménage hez les McDonald. N'étant pas autant proche du fils que du père, Arlen n'avait jamais eu l'occasion de l'approcher d'un peu plus près, et seul leurs connaissances commune firent tourner la tête à Arlen, qui observa vaguement la jeune femme s'installer, trempée et jurant ces noms d'oiseaux irlandais qu'il n'est pas judicieux de traduire ici.

Il sirota une gorgée de whisky, et reporta son regard sur la jeune femme, qu'il observa plus minuteusement que précédemment.

Des cheveux bruns dégoulinants, mais ils n'empêchaient pas de montrer un joli visage certes, un peu timide, mais peu déplaisant: yeux noisettes, traits fins et jeunes, Arlen s'étonna de voir qu'une jeune fille telle que sa voisine puisse travaller pour Gillian McDonald.
Connaissant la belle-fille de Colin McDonald, le boulot de devait pas être facile tout les jours!
Gillian était ce genre de femme que préférait éviter Arlen. Sympathique, certes, mais dont il se méfiait.

Mais penser à Gillian revenait inévitablement à penser à Caitlin...pourquoi n'était pas pour elle que travaillait cette jeune fille?
Il soupira doucement, bu de nouveau un gorgée de whisky, et se décida enfin à ntamer la conversation...au cas où le destin les ferait se rencontrer de nouveau.Il posa son verre, rejeta en arrière une de ces mèchs de cheveux blonds rebelles, et s tourna vers sa voisine avec un léger sourire aux lèvres;

-Il me semble vous avoir déjà croisé quelques part...je me trompe?
Arlen Dashwood.

Comment, même en étant le plus naturel du monde possible, Arlen donnait toujours cette attitude de séducteur malgré-lui? un regard, cette mèche de cheveux remontée, ce sourire, cette façon de parler, et son accent écossais...Arlen n'avait pas changé d'un pouce depuis le temps du collège!

Dénouant son écharpe, Myrna faisait ruisselait par terre les dernières gouttes d’eau qui s’attardaient dans ses cheveux. A présent, ses derniers se mettaient à frisotter et ce ne furent pas les soupirs de la jeune femme qui les firent changer d’avis. Marmonnant en elle-même, elle passait sa colère sous silence. Certes, elle connaissait la pluie, en Irlande ce n’était pas un évènement rare, mais elle s’était laissée surprendre. C’était cela qui la mettait en rogne.

Elle jeta un coup d’œil à son écharpe, humide si ce n’était dégoulinante. Un serpent mort sur le dossier de sa chaise. La comparaison venait sans doute de la couleur « vert bouteille » du bout de laine recroquevillé sur lui-même. Haussant un sourcil, la jeune irlandaise se retourna, secoua une dernière fois ses cheveux mais avant qu’elle n’ait pu esquisser un mouvement, son voisin lui adressa la parole.

Son sourire d’abord la déconcerta, et elle mit un certain temps à lui rendre la pareille. Arlen Dashwood. Bien sûr qu’elle le connaissait ! De nom, de vue et par quelques mots entendus chez les MacDonald lorsqu’elle faisait le ménage. La question était si LUI la connaissait. Et il semblait que oui, du moins son visage lui était familier.

Myrna, jeune Nymphe des Eaux Dégoulinantes, gardienne des chiffons et balais chez les MacDonald, résidente de la plus petite maison de Carnoch, était reconnue !

Le choc des premières constations passé, la jeune fille répondit à son tour, avec sans doute moins d’élégance et de panache :

Oui, nous nous sommes déjà vus, au manoir MacDonald sans doute. Je suis Myrna Darcy.

L’irlandaise ne s’attarda pas trop sur les détails de ses fonctions, elle se sentait suffisamment intimidée par ce Dashwood pour avouer qu’elle faisait le ménage dans la maison où il avait l’habitude se rendre pour « discuter » avec Colin MacDonald.

Ses yeux non plus ne se firent pas curieux, et elle ne détailla pas son voisin autant qu’elle-même l’avait été. Elle se contentait juste de le regarder dans les yeux lorsqu’elle lui parlait, ce qui n’était déjà pas chose aisée, étant donné l’impression de calme et supériorité qu’il dégageait. Oui, Myrna se sentait intimidée, comme le jour où elle avait découvert la première fois le manoir MacDonald, comme elle l’était très souvent devenue depuis son arrivée en Ecosse...

Arlen s'amusa de la dégaine de la jeune femme, qui semblait tout droit sortie d'un film sur le roi Arthur, où elle incarnerait le fée Morgane, sortant des eaux du lac... Il fixa quelques secondes son verre, souriant ironiquement à cette pensée, et reposa son regard sur la femme des eaux (mais pas abominable ), qui paraissait soudainement affairée à donner une forme passable à son écharpe dégoulinante. Elle avait mis quelques secondes a réagir, peut-être intimidée par le sieur Dashwood, qui sait; mais Arlen ne s'en ému pas pour autant, et continua à l'observe à la dérobée. Il était amusé par la jeune femme, qui dénotait avec l'ambiance du bar, et surtout, de la maison McDonald.

Toujours son sempiternel sourire de tombeur innocent aux lèvres, il releva la remarque de la jeune femme;

-Myrna Darcy, en effet! vous...travaillez...pour Gillian McDonald, c'est cela?

Il tourna la tête vers son verre, et la secoua lentement avec un petit rire discret.

-Ca ne doit pas être facile tous les jours, si je peux me permettre!

Une seule chose le dérangea, c'est cette fixation que faisait Myrna Darcy. Elle le fixait des yeux, comme si elle voulait trouver quelque chose d'intéressant en eux. Pourtant, un sourire intimidée, une parole prononcée à la va-vite montrait la gêne de la jeune femme.
Mais qu'une femme soit gênée ou non, Arlen continuait à bavarder d'un ton le plus naturel du monde. Il avait parfois le don de mettre les gens à l'aise, mais Miss Darcy était peut-être un cas désespéré...qui sait!

[Non, je ne dirai pas que tu me piques mon inspi’… Juste que je suis débordée et que Lotte est parfois plus présente dans ma tête que Myrna^^]

Ramenant les deux boucles de cheveux dégoulinantes derrière ses oreilles, Myrna quitta un instant le regard de son interlocuteur. Elle était encore sous le choc qu’une personne telle que lui daigne lui parler. Chez les MacDonald, elle tâchait de se comporter comme une petite souris lorsqu’elle faisait le ménage, de sorte que les membres de la famille n’aient pas à remarquer sa présence. D’ailleurs, la jeune irlandaise se demandait parfois si TOUS les MacDonald étaient au courant qu’elle faisait le ménage dans leur manoir. A moins qu’ils ne croient qu’il s’agisse d’une fée, auquel cas… Une fée ? Voilà qu’elle passait du statut de Nymphe Dégoulinante à celui de Fée du Logis MacDonald. Myrna se serait giflée après pareille pensée. Mais une gifle sonore, devant tant de monde, surtout Arlen Dashwood, n’arrangerait pas les choses. Elle était déjà trempée, si en plus elle se conduisait comme une folle… Elle jeta un coup d’œil à la porte. Non, elle ne sortirait du bar que de son plein gré. Alors rien, pas de gifle, pas de grimace. Rien. Un sourire ? Un sourire.

Myrna avait de la chance, sa dentition ne présentait pas de défaut. Arlen aussi en l’occurrence car, ce fut ce qu’il eut l’occasion d’apercevoir, lorsque Myrna quitta ses pensées, troubles. Comme les eaux d’un lac ? Troubles, tout court.

La réponse de Dashwood donna encore plus envie de rire à la jeune fille. Ainsi, il connaissait Gillian, tout autant que Colin MacDonald ? Et il n’ignorait pas ses penchants « espionne-sadique » ? Si elle avait été seule en apprenant cela, Myrna aurait franchement éclaté de rire mais les circonstances l’en empêchèrent. Au lieu de cela, elle ajouta une once de timidité et de gêne à son sourire. Baissant les yeux, elle ajouta :

-Oui, je travaille pour elle…

Inspirant profondément mais cependant discrètement, Myrna se surprit elle-même à ajouter d’une voix joyeuse :

-Mais non, je n’ai aucune peine à travailler en sa présence. Au contraire, je l’apprécie…

Menteuse, menteuse, menteuse. Oui, d’accord, Myrna avait un peu… complètement inventé ce qu’elle venait d’annoncer. Imaginé, rêvé, bref, crée de toute pièce une « bonne entente » entre elle et Gillian. Et alors ? Sa voix n’avait-elle pas été convaincante ? Pas assez sans doute. Oui, elle aurait dû ajouter quelque chose à ses paroles, un sourire plus franc peut-être… Mais à quoi bon mentir lorsque l’on se sait démasqué ? Car elle l’avait été, non ? Arlen Dashwood n’était pas idiot. Et Myrna Darcy ne savait pas mentir à ce genre de regard qui la fixait.

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