Une deuxième famille?

Mary avait son regard fixé sur la jeune femme. Si Grace cherchait Rachel, elle serait sûrement déçue, puisque vu le calme de la maison, elle devait être sortie, peut-être rejoindre le jeune McLean…

"Bonjour, Mary. Oh, simplement l'envie de venir passer un peu de temps avec des personnes qui me sont chères, sans doute." La réponse de Grace fit accentuer le sourire de Mary qui tapota la place à côté d’elle du plat de la main pour l’inviter à s’asseoir.

« C’est très gentil à toi, mon enfant. »

Maria arriva, chargée d’un plateau sur lequel était posé une théière fumante. La domestique salua la jeune femme d’un mouvement de tête et posa son fardeau sur une petite table avant de faire demi-tour en lançant un petit "Je vais chercher une deuxième tasse" à l’attention de sa patronne.
Mary hocha la tête pour approuver et tourna à nouveau son regard vers Grace qui s’enquit de sa santé. "Vous allez bien? Pas trop froid, avec ce temps?" La vieille dame sourit doucement en retour.


« Je vais bien merci, et le manoir est plutôt bien chauffé, le froid n’a donc pas de prise sur moi… » Malicieusement, elle se pencha vers la jeune fille en baissant d’un ton. « Et puis, entre nous, s’il commence à faire trop froid, je me réfugie dans la bibliothèque, c’est la pièce la mieux chauffée du manoir… Mais pas un mot à quiconque, je ne voudrais pas y être dérangée… »

Maria revint avec la deuxième tasse qu’elle déposa sur le plateau à côté de la première. Elle s’apprêta à prendre la théière en main dans le but de servir le liquide chaud mais Mary l’arrêta d’un geste de la main.

« Laissez Maria, je m’en occupe moi-même… »

La femme hocha la tête et quitta le salon pour sa cuisine.

« Une tasse de thé Grace ? Oh, et je manque de politesse, je ne t’ai même pas demandé comment tu allais… »

Hj: J'avais fait un magnifique poste, et au moment de l'envoyer, bug de la part de mon cher PC... *regarde le dit PC d'un air assassin* ><

Souriant toujours légèrement, la jeune Ellis répondit à l'invitation de Mary, allant s'asseoir à côté de cette dernière, s'enfonçant doucement dans le grand canapé au cuir grinçant. C'est à ce moment précis que Maria, la domestique, fit son entrée. En guise de salut, elle adressa un signe de tête à Grace, celle-ci lui répondant par un "Bonjour!" d'un calme et d'une assurance qui semblaient imbrisables. Si certains auraient pu feindre de ne pas voir la servante, par orgueil, la mi-irlandaise mi-écossaise n'en faisait pas partie. Tolérante et polie, il n'était pas étonnant de la voir aller jusqu'à converser avec les pires 'débris de la société'. Chacun avait une histoire à raconter d'après elle, et bonne à entendre. Oui... On mettait ça sur le compte de sa tendance 'hippie' et 'bohème'.

La maîtresse de maison lui expliqua que le froid ne l'atteignait pas, dans son manoir, chauffé en tout points. Puis, avec le ton et les mimiques d'une confidente, elle ajouta que la bibliothèque étant la pièce la plus chaude, elle s'y réfugierait en cas de températures trop basses. Mais pas un mot à quiconque, surtout, car elle ne tenait pas à être dérangée! Grace laissa échapper un petit rire, très doux et léger, avant de répondre en chuchotant, regardant à gauche à droite, véritable comédienne dans l'âme:

"Ne vous inquiétez pas; je saurai tenir ma langue."

La deuxième tasse de thé arriva, mais ce ne fut pas Maria qui servit le thé, mais Madame Campbell. Elle demanda à Grace si elle désirait en boire un peu, avant de se reprendre et d'ajouter que, comble de l'impolitesse, elle ne lui avait même pas demandé comment elle allait. Décidément, elle resterait toujours la femme sophistiquée et classe que la jeune Ellis connaissait depuis sa plus tendre enfance!

"Je prendrais volontiers un peu de thé, merci Mary."murmura-t-elle doucement.

Oh et... si elle allait bien? Un mince silence s'installa suite à cette question, Grace restait muette et pensive. La politesse lui intimait de répondre que oui, ça allait bien. Ce n'était pas si loin de la vérité, après tout, seulement, comme tout le monde, elle avait des baisses de niveau. Qu'on la voie comme l'incarnation de la joie de vivre n'y changeait rien, mais habituellement, elle s'arrangeait pour ne pas trop le montrer. Cette fois-ci, sa mince hésitation l'avait trahie... Enfin, avec un peu de chance, Mary ne le remarquerait-elle pas...? Difficile, avec une femme aussi perspicace!

"Oh, je... ça va, oui, je vous remercie."dit-elle simplement, lui adressant un sourire ayant vaguement perdu de sa superbe.

Si la jeune Ellis redonnait avec une facilité déconcertante le sourire aux autres, il n'en allait pas de même pour sa propre personne. Mais bon, pour le peu de fois où elle ne se montrait pas toute joyeuse, hein!

[Pardon du retard ]

Grace l'amusait beaucoup, cette fille avait de l'esprit et cela plaisait énormément à Mary. Pas étonnant qu'elle s'entende aussi bien avec Rachel, elles étaient toutes les deux de vrai bout-en-train, même si on ne voyait pas toujours la ressemblance...

La vieille dame leur servit du thé à toutes les deux avec des gestes sûrs mais toujours pleins d'élégance. Grace mit un certain temps à répondre à sa question, et Mary scruta son visage en silence, semblant chercher ce qui préoccupait la jeune fille. Elle lui répondit finalement que tout allait bien, le sourire retrouvé mais celui-ci parraissait néanmoins moins heureux que tout à l'heure. Pourtant Mary ne dit rien, si la jeune Ellis voulait parler de quelque chose qui la tracassait, elle savait qu'elle pouvait sans crainte s'adresser à elle... Elle le savait, non?

Mary lui tendit sa tasse en silence et commença à remuer le liquide fumant dans sa propre tasse. Elle semblait tenter de lire à travers sa jeune interlocutrice. Finalement, elle but une gorgée du breuvage et reprit la parole.

"Alors Grace, qu'as-tu prévu de faire aujourd'hui?"

Elle se demandait bien à quoi les adolescents... pardon, les jeunes adultes occupaient leurs journées à leur époque...

Hj: Pas grave !

Grace n'était pas assez optimiste pour penser qu'avec un peu de chance, Mary n'aurait rien vu de son sourire un peu figé et contrit. Non, elle connaissait trop bien la jeune fille, comme beaucoup de monde d'ailleurs, pour ne pas le remarquer, ça allait de soit. Mais si elle vit une vague tristesse remuer le fond de ses iris bleutées, elle ne fit aucun commentaire sur le sujet, ce qui n'était pas plus mal, au fond. Certes, elle aurait pu lui en parler. Seulement, elle était trop polie pour se le permettre. Il était hors de question d'agacer Mary avec ses bêtes soucis de jeune femme.

Prenant sa tasse, tout aussi silencieuse que son interlocutrice, Grace y mis deux morceaux de sucre, brassant le tout avec une petite cuillère en argent, le métal teintant doucement sur la porcelaine, dans un bruit crystalin. Buvant une gorgée du liquide encore brûlant, elle releva les yeux vers la maîtresse de maison qui relançait la conversation, en lui demandant ce qu'elle comptait faire aujourd'hui.

"Oh, et bien... Je pensais aller me promener un peu; je crois que ma vie a besoin d'un peu d'air frais, ces temps-ci."

Ce fut sa première réponse, franche et honnête, mais trop révélatrice à son goût. Soupirant vaguement devant sa maladresse verbale, elle poursuivit, un mince sourire timide aux lèvres:

"Ou alors passer la journée enfermée dans une bibliothèque, cernée par le savoir et la connaissance. J'avoue que ça me plairait, ça aussi. Ou pourquoi pas passer la journée avec James, vu qu'il prend tant plaisir à me harceler au téléphone."

Son ton se fit un peu sec, lassé, suintant d'exaspération et d'énervement. James. C'était un garçon certainement gentil, mais extrêmement possessif, jaloux, impulsif... et amoureux d'elle, visiblement. Mieux encore, il ne comprenait pas que Grace, elle, aimait Mark, et ne voulait sous aucun prétexte se détacher de ce dernier. N'était-ce qu'un amour illusoire? La jeune Ellis aurait bien voulu, mais honnêtement, elle en doutait.

Ce James l'appelait chaque soir, jusqu'à ce qu'elle décroche, avait essayé à plusieurs reprise de sortir avec elle, impliquant bien évidemment le premier baiser, auquel l'irlandaise-écossaise avait répondu par une giffle. N'était pas assez clair, qu'elle sorte avec Mark et qu'elle l'aime? Là, le James, il avait trouvé le bon argument pour la destabilisé: cela faisait bientôt deux semaines que Mark ne l'avait pas appelée, qu'ils n'étaient pas sortis, et qu'ils s'étaient tout juste entrevus à l'école. En plus d'être collant, il fallait qu'il soit observateur. Décidemment, elle avait de la chance! ><

A cette pensée, ses yeux s'embuèrent. Détournant son regard sur sa tasse, dont elle brassait inutilement le thé en guise de prétexte, elle retenait avec peine l'émotion qui teintait de couler de ses yeux. Quelques secondes plus tard, ça y était, Grace avait capitulé face à ses sentiments, tellement plus forts qu'elle; une larme roula sur sa joue, allant se perdre dans sa chevelure blond-roux, entremêlée par la pluie et le vent.

"Il... Il est vraiment pénible, ce James, savez-vous?"dit-elle d'une voix tremblante, sans réussir à regarder Mary, ayant à peu près 9 chances sur 10 de fondre en larmes si elle le faisait.

Peut-être la vieille dame ne connaissait-elle même pas le jeune homme, âgé d'un peu plus de vingt ans, mais Grace n'y réfléchit même pas. Elle jettait deux-trois mots par-ci par-là, histoire de faire mine d'avoir toute contenance, et de ne pas se laisser aller au silence, puis aux pleurs. Elle n'était jamais venue chez les Campbell pour pleurer, non? Franchement, qu'elle honte ç'aurait été, même pour elle!

[Encore plus de retard... Et en plus c'est court... Argh!!! Pourtant c'est un PNJ, quelqu'un aurait pu me remplacer xD]

Mary écouta tranquillement la réponse de Grace tout en buvant une gorgée du breuvage chaud. La voix de Grace, tout d'abord pleine de franchise, se fit un peu plus incertaine tandis qu'elle énumérait les différentes possibilités qui s'offraient à elle. Quand elle parla d'un certain James, la vieille dame nota un changement dans son comportement. D'incertaine, elle passa à nerveuse tandis qu'elle tournait sa cuillère dans son thé. Puis finalement, Mary ne put pas ne pas voir la larme solitaire qui roulait le long de sa joue, ni ne pas entendre la voix tremblante de la rouquine.

"Je ne connais pas ce James... Est-ce l'un de vos camarades à Rachel et à toi?"

Voyant bien que ça n'allait pas, Mary déposa sa tasse sur sa soucoupe et écarta les deux qui finirent sur la table d'appoint à côté du divan. Elle posa ensuite une main douce et réconfortante sur celle de Grace. Après tout, elle était presque comme sa quatrième petite fille...

"Allons mon enfant, que t'arrive-t-il donc?"

Hj: Pas grave =) !

"Je ne connais pas ce James... Est-ce un de vos camarades de classe à Rachel et à toi?" Comme première réponse, la jeune Ellis se contenta de faire un signe de dénégation de la tête, sentant bien que ses mots lui échappait, et qu'une quelconque tentative de parler aurait été des plus vaine. Elle but une gorgée de thé, avant de reposer la tasse d'une main tremblant légèrement, sur la soucoupe, et de reprendre son brassage frénétique. Il y avait quelque chose d'inquiétant dans ses gestes. Un certain malaise, peut-être...

"Non, il est une ou deux classes plus haut que nous..."

Elle espérait bêtement que Mary ne remarquerait rien. Comme quoi, elle n'allait pas si bien qu'elle voulait bien le laisser croire. Le voyant bien, son hôte posa une main douce et réconfortante sur la sienne, lui demandant ce qui n'allait pas. Que dire? Lui expliquer toute l'histoire? C'était trop long, et sans intérêt, pensa Grace. Soit. Un résumé. Elle ne voyait que ça.

"Rien."

Pur réflexe immunitaire. Un mot idiot, car tout sauf vrai. Elle soupira à cette idée, avant de poursuivre, passant nerveusement une main dans ses cheveux blond-roux, son regard figé sur sa tasse de thé d'un air absent:

"C'est juste que... ces derniers temps, ça ne va plus trop bien, avec Mark. Et... et ce James essaie d'en profiter."

C'était difficile pour l'adolescente de dire ce qu'il l'énervait le plus. Le fait que Mark n'ait pas fait mine de souhaiter la voir depuis plus de deux semaines, ou le fait que James se croyait tout permis avec elle.

"Et puis le metteur en scène de la troupe veut me virer, en plus."ajouta-t-elle, franchement agacée.

Si elle avait montré un instant de faiblesse, une larme, une voix chevronnante, elle était plus énervée qu'autre chose, à présent, et toute son attitude était assurée, vexée dans son amour propre. Elle vivait mal la situation... Tournant son regard vers Mary, elle lâcha, dégoûtée:

"Soit disant que je serais trop imprévisible, têtue, et extravagante pour jouer quelque chose de sérieux. En cévirté, c'est pas la grande forme, en ce moment..."